- chiourme
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• 1539; chourme déb. XIVe; it. ciurma; lat. celeusma « chant de galériens »♦ Anciennt Ensemble des rameurs d'une galère, des forçats d'un bagne (⇒ garde-chiourme).⇒CHIOURME, subst. fém.A.— 1. Vx. Ensemble des rameurs d'une galère. Esclave dans la chiourme d'une galère (MÉRIMÉE, Les Faux Démétrius, 1853, p. 317) :• 1. ... l'homme le mieux posé est le curé Lacolonge. Médiateur entre la chiourme et le banc, le pouvoir s'en sert pour agir sur les galériens qui, de leur côté, s'adressent à lui pour obtenir des grâces.FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 339.— Vieilli. Ensemble des condamnés d'un bagne. La chiourme de Toulon. Nous croisons la chiourme (...). Prisonniers, forçats, accouplés deux à deux par de lourdes chaînes (FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, p. 152).— P. métaph. Ensemble de personnes peu recommandables :• 2. ... on enrôle, pour soutenir un ministère royaliste, des libellistes qui ont poursuivi la famille royale de leurs calomnies. On recrute tout ce qui a servi dans l'ancienne police et dans l'antichambre impériale; comme chez nos voisins, lorsqu'on veut se procurer des matelots, on fait la presse dans les tavernes et les lieux suspects. Ces chiourmes d'écrivains libres sont embarquées dans cinq ou six journaux achetés, et ce qu'ils disent s'appelle l'opinion publique chez les ministres.CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 271.2. P. méton. Lieu où le travail est très pénible; travail très pénible. Tout travail accompli sans joie est une chiourme hideuse, et retombe en révolte et en douleur sur la société (L. DAUDET, Mes idées esthétiques, 1939, p. 24).B.— Rare1. Ensemble des gardes-chiourme :• 3. Le restant [des prisonniers] (...) serait expédié vers Préneste, dans un camp de concentration (...). La chiourme, responsable de la garde de ceux-ci, serait choisie parmi les pires et dans leurs rangs.L. DAUDETSylla et son destin, 1922, p. 145.2. P. ell., subst. masc. Garde-chiourme. La trique du chiourme ou la lourde poigne de l'argousin (COPPÉE, Contes en prose, 1882, p. 290) :• 4. Le jugement touche le condamné comme la pierre d'une fronde, et le chiourme qui le reconduit à sa cellule ne jette sur le lit qu'une espèce de cadavre.BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 208.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. DG indique la var. vieillie chiorme (cf. aussi FÉR. Crit. t. 1 1787 et LITTRÉ). Ds la docum. on rencontre chiourne (cf. MUSETTE, Cagayous partout, 1905, p. 1 et GENEVOIX, L'Aventure est en nous, 1952, p. 109). Étymol. et Hist. Début XIVe s. chourme « réunion des rameurs d'une galère » (Gestes des Chiprois, éd. G. Raynaud, p. 275 ds GDF. Compl.); 1544 chiorme (Amadis, V, 25 ds HUG.); av. 1600 ciourme (E. BINET, p. 101 ds GDF. Compl.); 1635 chiourme (MONET, Abrégé). Empr. à l'ital. ciurma « équipage d'une galère » (1re moitié XIVe s. ds BATT.) issu, par l'intermédiaire de l'a. génois ciusma (XIIIe-XIVe s. ds VIDOS, p. 321) du b. lat. celeusma « chant qui rythme le mouvement des rameurs », gr.
. Fréq. abs. littér. :30. Bbg. HOPE 1971, p. 34, 149. — VIDOS 1939, pp. 321-323. — WIND 1928, p. 140.
chiourme [ʃjuʀm] n. f.ÉTYM. 1635; chourme, déb. XIVe; ital. ciurma, du lat. celeusma « chant de galériens ».❖♦ Vx ou didactique.1 Anciennt. Ensemble des forçats et des hommes libres qui ramaient sur une galère.1 Rien n'est plus inhumain que de prolonger l'état d'un galérien au delà du terme prescrit; ne dites pas qu'on manquerait d'hommes pour la chiourme si on observait cette justice; la justice est préférable à la chiourme.2 Didact. ou littér. Ensemble des condamnés d'un bagne. ⇒ Bagnard, forçat.2 Il (Jean Galmot) était l'homme de l'aventure : et l'aventure n'est pas ce qu'on imagine, un roman. Elle ne s'apprend pas dans un livre. Elle n'est faite ni pour les romantiques attardés ni pour les chiourmes. L'aventure est toujours une chose vécue, et pour la connaître, il faut avant tout être à la hauteur pour la vivre (…)B. Cendrars, Rhum, p. 49.❖COMP. Garde-chiourme (plus cour.).
Encyclopédie Universelle. 2012.